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Le Montespan, Cocu gênant à la cour de France.

Photo du rédacteur: Julie Bernard Julie Bernard

Dernière mise à jour : 27 oct. 2018

Si Louis XIV prenait votre femme dans son lit que penseriez-vous ? Assurément que la fortune vous sourit, comme tout gentilhomme du 17eme siècle ! Tel ne fut pas le sentiment de Louis-Henri de Pardaillan de Gondrin (1640-1701) lorsqu’il vit le ventre de sa femme s'arrondir… Alors même qu’il était parti en guerre 11 mois durant. Mais de quoi diable se plaignait-il ?


"Il faut choisir entre avoir une femme beaucoup moins belle que celle des autres ou être cocu. "

Madame de Montespan, représentée en Iris. Attribué à Ferdinand Louis Elle le Jeune. Château de Versailles.
Madame de Montespan, représentée en Iris. Attribué à Ferdinand Louis Elle le Jeune. Château de Versailles.

Si vous n'avez pas entendu parler du brave Gascon, vous connaissez sa femme ; Françoise Athénais, marquise de Montespan (1640-1707), et grande maîtresse du Roi Soleil à partir de 1667. C’est elle “l’incomparable” qui évince Mademoiselle de la Vallière, favorite officielle de Louis XIV. Protectrice de Molière ou de Jean de La Fontaine, elle devient la reine de Versailles, au nez et à la barbe de Marie-Thérèse.

De ses badinages avec le roi, elle eut 7 enfants.

Dans le jeu des trônes… (Je m’égare, point de Cersei Lannister à l’horizon). Dans le jeu des favorites donc, l’une fait aisément tomber l’autre. En 1680, la veuve Scarron, future Madame de Maintenon -celle là même qui se chargera de l’éducation des enfants de Loulou et Athénaïs- évince à son tour Madame de Montespan, et prend sa place si convoitée. Chouette copine, vous en conviendrez.

Reprenons cette histoire au commencement : au demeurant, le mariage des Montespan, en 1663, était un mariage d’amour, fort surprenant dans la société aristocratique du 17eme siècle. De leur union naquirent un fils -le duc d’Antin- et une fille, Marie-Christine.


Louis-Henri de Pardaillan Gondrin, marquis de Montespan, par Nicolas de Largillière, vers 1680.

Le Montespan, toujours à court d’argent, à sec, économiquement affligé, impécunieux, sans le sou, bref, au bord de la saisie judiciaire, pars à la guerre, il espère faire fortune et recevoir la reconnaissance du Roi. Mais la guerre coûte chère, et l’endettement le guette. C’est à cette période qu’Athénais entre à Versailles comme dame d’honneur de la reine Marie-Thérèse.

Revenu blessé après 11 mois à la frontière pyrénéenne, c’est avec surprise que Le Montespan retrouve sa femme … enceinte. Ne vous donnez pas la peine de faire le calcul, notre bon marquis est effectivement cocu, et pas n’importe quel cocu ! C’est le Soleil en personne qui partage la couche de sa femme.

Il n’est pourtant pas le premier, et ne sera assurément pas le dernier, et s’il est de bon ton pour les époux cornards de faire profil bas, Le Montespan n’en fera rien.

La moutarde lui monte au nez et il assène une telle gifle sur la joue de son épouse qu’elle en gardera la trace plusieurs jours

Il entreprend ensuite de détruire la réputation du Roi dont il juge l’attitude indigne. Durant plusieurs semaines il fait un tel tapage à la cour de France que le monarque exige son exil. Il va même jusqu’à suivre l’exemple du mari de La Belle Ferronnière, maîtresse de François Ier.

Souvenez-vous, le brave Ferron, rongé par la jalousie, avait transmis la syphilis au roi, par l'intermédiaire de son épouse. Un mal dont François Ier souffrit toute sa vie, d'après les dires de son médecin. Un exemple fort enrichissant de l'art de la vengeance pour Louis-Henri.

Le Marquis écume donc les bordels, dans l’espoir de choper la chtouille et de l’offrir à son infidèle épouse , qui elle-même la transmettra au roi. Peine perdue hélas, la tentative échoue, le marquis ne parvient même pas à remettre sa dulcinée dans son lit avant de quitter Paris. (Ou plutôt, il ne parvint pas à la violer). Mais assurément, il ne partira pas sans un dernier coup d’éclat.

Ne dit-on pas d’un cocu qu’il a les cornes ? D’ailleurs, leurs tailles varient en fonction du cocufiage, certaines peuvent n’atteindre que quelques centimètres, d’autres touchent le plafond. Sans surprise (et pardonnez-moi l’expression) Louis-Henri de Montespan les a grosses. Et il va faire en sorte que tout le monde le sache !




Le 20 septembre 1668, à la cour de Versailles, on assiste, médusés, à l’arrivée de la grosse berline de voyage du Montespan. Toute de noire vêtue, elle est surmontée de quatre bois de cerf, les cornes les plus imposantes qu’il put trouver. Le marquis a revêtu ses habits de deuil, les chevaux de son attelage sont plus noirs que l’ébène.


Le roi Soleil est en plein conseil, qu'à cela ne tienne ! Montespan se dirige tout droit vers la salle des pas perdus, par où doit sortir le roi. Quand le souverain surgit enfin, la légende veut qu' il questionne le marquis : “ Pourquoi tout ce noir, monsieur ? »

— Sire, réplique sans se troubler le marquis, je porte le deuil de ma femme !

— Le deuil de votre femme ?

— Oui, Sire, pour moi elle est morte et je ne la reverrai plus... »

Et pour parfaire le scandale, Le Montespan traite publiquement le roi de canaille.

Louis XIV perd patience, le fait enfermer à Fort-L’évêque puis le renvoie sur ses terres.

C'est ainsi que le marquis quitte Paris, il ne reverra jamais sa femme.

En Gasconne, il organise la cérémonie funèbre de son mariage, et c’est un cercueil vide qui s’avance en grande pompe jusqu’à l’église du village. Le message est clair : Celui qui devrait avoir honte, c’est bien Louis XIV.



Non contente de son titre de marquise, La Montespan convoite celui de duchesse, or pour être duchesse, il faut être marié à un duc. Quelle délicate attention, le roi, ce fieffé coquin, décide justement de faire de Louis-Henri un duc ! C'était sans compter sur la réponse acerbe et sans équivoque du principal intéressé :

« Sa Majesté a fait huit ou dix enfants à mon épouse sans m'en dire un mot, il peut bien lui faire présent d'un duché sans pour cela m'appeler à l'aide... Si Madame de Montespan rêve des ambitions, la mienne est depuis quarante ans satisfaite : je mourrai marquis à moins d'une catastrophe imprévue... »

Le marquis, décédé le 1er décembre 1701 laisse derrière lui un testament qu’il signe d’un sobre “ de Pardaillan de Gondrin Montespan, époux séparé quoique inséparable.”


 

Finalement, ses efforts ne furent pas vains, et aujourd'hui on peut bien le dire : Le Montespan est le cocu le plus célèbre de l'histoire de France !


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