S’il est un lieu célèbre à Kutna-Hora, ville de Bohême à une heure de train de Prague, c’est sans conteste l’ossuaire Sedlec. Dans la chapelle de Tous-les-Saints, la funèbre décoration passe celle de la famille Adams. Au plafond un chandelier de crâne humain, des pyramides d’ossements et -avis aux amateurs d’héraldique- un gigantesque blason constitué de restes humains ! Mais comment ces 40 000 os se sont-ils retrouvés là ? Réponse avec Tartempion, envoyé sur place.
La peste et la guerre, routine du moyen âge.
Tout commence au XIIIe siècle, quand le roi de Bohême envoie le père abbé en pèlerinage à Jérusalem, lequel revient avec une poignée de terre Sainte qu’il déverse sur le cimetière. Evidemment ça plaît bien à la populace du coin, qui insiste pour se faire enterrer dans le cimetière de Kutna-Hora. Oui maintenant le lopin de terre a une réputation de Terre Sainte, et devient par conséquent le plus ancien sol sacré d’Europe centrale.
En 1348, la grande peste noire frappe la Bohême ; ce sont environs 30 000 pauvres hères qui succombent à la maladie, et dont les restes sont placés dans le cimetière. Au XVe siècle, les guerres intestines entre catholiques et hussites causent la mort des 10 000 personnes supplémentaires qui finissent dans le cimetière de kutna-Hora.
Mais quand une partie du cimetière doit être supprimée, on ne peut pas détruire les ossements ! Les restes humains exhumés sont entreposés dans la chapelle. En 1511 la légende raconte qu’un moine aveugle empilât les ossements en pyramides.
C'est le début d'une longue attente...

Jusqu'en 1700 et la reconstruction de la chapelle funéraire. Le célèbre sculpteur pragois Matthias Braun se charge de la décoration de l’ossuaire.
Memento Mori
L'artiste s'inspire du livre d’Ézéchiel, et toute son oeuvre se déploie dans la chapelle sur le thème de la vie éternelle.

L’ossuaire, tel que nous le connaissons aujourd’hui, résulte de la restauration entreprise par la famille Schwarzenberg en 1870. On mande les services de Francis Rint qui se charge de blanchir les os et de les utiliser comme de véritables sculptures. L’entrée de l’ossuaire est ornée de guirlandes de crânes humains, tandis que hanches et fémurs forment croix et calices sur les murs.
L’immense lustre gothique au centre de la pièce, sans conteste l'élément le plus impressionnant de l’ensemble sculpté, est le cœur de l'ossuaire.
Les chandelles prennent place au sein de l’ensemble de tous les os constituant le corps humain, et pour préserver tout leur lustre un spécialiste nettoie régulièrement les os à l’aide d’une brosse à dents.
Au fond, un mur entier est paré des armoiries de la famille Schwarzenberg, mécène de la restauration. Le morbide détail est poussé jusqu'au corbeau dévorant l’oeil d’un turc directement dans son orbite.

Les fondations de l’ossuaire sont également le lieu privilégié de fouilles archéologiques, les visiteurs peuvent découvrir sous leurs pieds les restes récemment exhumés par les scientifiques.
Qu'en pensent les visiteurs ?
A la sortie de l'ossuaire, les sentiments sont mitigés, si certains ont étés fascinés par ces squelettes érigés au statut d’oeuvre d’art, d’autres sont saisis d’un puissant sentiment d’angoisse face aux crânes brisés qui présentent encore les stigmates de la guerre.
"Les œuvres sont minutieusement élaborées et donnent au monument une prestance et une monumentalité exceptionnelle! "
“ J’ai la nausée et la tête qui tourne, c’est un sentiment étrange de penser à la mort de tous ces gens”.
“C’était impressionnant et inhabituel mais très bien réalisé.”
"Trop Dark".
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